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s que veut la Police ?
Bleus à l’âme. Depuis deux mois, les policiers manifestent leur ras-le-bol. Pour réponse: des
mesures gouvernementales qui risquent de les isoler un peu plus de la population …
Voila des manifestations qui font désordre. Depuis l’agression aux cocktails Molotov de quatre des leurs, à
Viry-Chatillon, en Essonne, les gardiens de la paix sont en guerre et transgressent leur devoir de réserve pour
crier leur ras-le-bol. Leurs rassemblements nocturnes sont inédits, notamment parce qu’ils échappent aux
syndicats majoritaires (Alliance et SGP Police FO), accusés de comportements clientélistes. « Le malaise est
consubstantiel au métier. Les policiers se perçoivent comme les éboueurs de la société, persuades de jouer
un rôle social indispensable au bénéfice de gens qui les méprisent tout en leur assignat le sale boulot »,
décrypte René Lévy, chercheur au Cesdip (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions
pénales). Depuis les attentas et l‘état d’urgence, les forces de l’ordre sont sous pression. « Les collègues
enchaînaient les heures supplémentaires et sont épuisés. Plus tu descends dans la hiérarchie, plus le malaise
est grand », observe Alexandre Langlois, secrétaire générale de la CGT-Police, qui dénombre un suicide par
semaine dans sa corporation. En vrac, les flics dans la rue dénoncent la manque de moyens (moins12000
postes sous Sarkozy), la politique du chiffre, les taches indues (les policiers agresses à Viry-Chatillon
protégeaient une camera de surveillance !) qui les éloignent de leur mission de sécurités, mais aussi une
justice prétendument laxiste. Le ministre de l’intérieur a donc dégainé un plan pour la sécurité publique.
outre les 9000 (re)créations de postes déjà actées, il prévoit 250 millions d’euros pour équiper les patrouilles.
« Attention toutefois de ne pas surarmer la police, au risque de la couper encore plus de la population »,
analyse Alexandre Langlois. Le Parlement, lui, devrait se prononcer sur une nouvelle reforme, plus
controversée, de la légitime défense, l’une des principales revendications que d’aucuns associent à un
« permis de tuer ». Pas sur que ces mesures contribuent à rabibocher la police et les citoyens. René Lévy cite
une enquête européenne selon laquelle la police française se classe dix-neuvième sur vingt-six au regard du
respect dont elle ferait preuve dans le traitement des personnes. Les manifestations contre la loi Travail ont,
en outre, constitué un point d’orgue en matière de violences policières. La CGT-Police avait alors dénoncé une
volonté délibérée du gouvernement de laisser la situation dégénérer pour discréditer la contestation sociale.
« La police française se méfie des reformes visant a la rapprocher
des habitants. Elle reste arc-boutée sur les contrôles d’identité. Elle
s’est opposée au récépissé, promesse de Hollande, et le port de
matricule passe mal », observe René Lévy. Dans ce contexte, la CGT-
Police, minoritaire dans la corporation, porte une parole
singulière, notamment en revendiquant une police de proximité
au service des citoyens. Sarah Delaitre
« La politique du chiffre, l’octroi de primes individuelles variables,
selon les grades, celle d’un commissaire peut ainsi avoisiner les
100000 euros annuels, ont fait perdre du sens à ce métier. »
Alexandre Langlois, secrétaire général CGT-Police
Janvier 2017 cgt-marseille@douane.finances.gouv.fr Page 2 sur 7
Bleus à l’âme. Depuis deux mois, les policiers manifestent leur ras-le-bol. Pour réponse: des
mesures gouvernementales qui risquent de les isoler un peu plus de la population …
Voila des manifestations qui font désordre. Depuis l’agression aux cocktails Molotov de quatre des leurs, à
Viry-Chatillon, en Essonne, les gardiens de la paix sont en guerre et transgressent leur devoir de réserve pour
crier leur ras-le-bol. Leurs rassemblements nocturnes sont inédits, notamment parce qu’ils échappent aux
syndicats majoritaires (Alliance et SGP Police FO), accusés de comportements clientélistes. « Le malaise est
consubstantiel au métier. Les policiers se perçoivent comme les éboueurs de la société, persuades de jouer
un rôle social indispensable au bénéfice de gens qui les méprisent tout en leur assignat le sale boulot »,
décrypte René Lévy, chercheur au Cesdip (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions
pénales). Depuis les attentas et l‘état d’urgence, les forces de l’ordre sont sous pression. « Les collègues
enchaînaient les heures supplémentaires et sont épuisés. Plus tu descends dans la hiérarchie, plus le malaise
est grand », observe Alexandre Langlois, secrétaire générale de la CGT-Police, qui dénombre un suicide par
semaine dans sa corporation. En vrac, les flics dans la rue dénoncent la manque de moyens (moins12000
postes sous Sarkozy), la politique du chiffre, les taches indues (les policiers agresses à Viry-Chatillon
protégeaient une camera de surveillance !) qui les éloignent de leur mission de sécurités, mais aussi une
justice prétendument laxiste. Le ministre de l’intérieur a donc dégainé un plan pour la sécurité publique.
outre les 9000 (re)créations de postes déjà actées, il prévoit 250 millions d’euros pour équiper les patrouilles.
« Attention toutefois de ne pas surarmer la police, au risque de la couper encore plus de la population »,
analyse Alexandre Langlois. Le Parlement, lui, devrait se prononcer sur une nouvelle reforme, plus
controversée, de la légitime défense, l’une des principales revendications que d’aucuns associent à un
« permis de tuer ». Pas sur que ces mesures contribuent à rabibocher la police et les citoyens. René Lévy cite
une enquête européenne selon laquelle la police française se classe dix-neuvième sur vingt-six au regard du
respect dont elle ferait preuve dans le traitement des personnes. Les manifestations contre la loi Travail ont,
en outre, constitué un point d’orgue en matière de violences policières. La CGT-Police avait alors dénoncé une
volonté délibérée du gouvernement de laisser la situation dégénérer pour discréditer la contestation sociale.
« La police française se méfie des reformes visant a la rapprocher
des habitants. Elle reste arc-boutée sur les contrôles d’identité. Elle
s’est opposée au récépissé, promesse de Hollande, et le port de
matricule passe mal », observe René Lévy. Dans ce contexte, la CGT-
Police, minoritaire dans la corporation, porte une parole
singulière, notamment en revendiquant une police de proximité
au service des citoyens. Sarah Delaitre
« La politique du chiffre, l’octroi de primes individuelles variables,
selon les grades, celle d’un commissaire peut ainsi avoisiner les
100000 euros annuels, ont fait perdre du sens à ce métier. »
Alexandre Langlois, secrétaire général CGT-Police
Janvier 2017 cgt-marseille@douane.finances.gouv.fr Page 2 sur 7