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RETRAITE : LE DOSSIER QUI FÂCHE

Vous ne pouvez pas y échapper : c’est le dossier qui agite la France entière. Le dossier des retraites est en train
de devenir le cauchemar de nos dirigeants. La date du 5 décembre est marquée en rouge sur les calendriers ministériels.
Le Président Macron lui-même a déjà choisi d’annuler certains déplacements à l’étranger autour de cette date, notamment
la COP 25 de Madrid à partir du 2 décembre ! Le 1er Ministre, malgré ses dénégations dans les différents médias,
souffrirait, selon ses proches, du syndrome Alain Juppé (cf. Le Canard Enchaîné du 06 novembre). Même la CFDT,
favorable à la réforme dans ses grandes lignes, commence à entrer dans la danse, c’est dire ! Il est plus simple aujourd’hui
de dénombrer ceux qui n’appellent pas au mouvement pour le 5 décembre (ou qui restent mous, c’est selon…) !

Que cache cette réforme ? Difficile d’y voir clair tant nos dirigeants eux-mêmes alternent entre ballons d’essais,
gaffes (ah ! La clause du grand-père…) voire déclarations contradictoires.

Nous allons tenter, ici, de vous donner quelques grandes lignes car développer le projet dans son intégralité
mériterait une bonne trentaine de pages et des annexes ! Contentons-nous d’en donner les axes forts, histoire de
comprendre à quelle sauce nous allons être mangés.

Précisons également que TOUS les chiffres cités sont des chiffres tirés de la DREEES (Direction de la Recherche,
des Etudes, de l’Evaluation et de la Statistique), d’Eurostat, du COR (Conseil d’Orientation des Retraites), de l’OCDE et de
l’Union Européenne. Point de chiffres syndicaux !

Notre système de retraite, hérité de 1945, ne serait plus adapté. Rappelons au passage que la retraite n’est pas
une idée de doux rêveurs mais bien un système né d’aspirations d’avant le deuxième conflit mondial dans bien des pays
dits capitalistes comme le « Welfare State » (USA, GB), ou « Etat providence », voire le système Bismarckien de la fin du
XIXe siècle.

La réforme actuelle n’a que deux buts : faire des économies et permettre aux capitaux privés d’avoir -enfin- la
mainmise sur la manne financière des pensions de retraite (actuellement 314 milliards d’euros en France).

La réforme prévoit la transformation de nos droits à pension en points. Pourquoi pas ? La Suède, qui possède ce
système depuis 1994 a, depuis, vu les pensions de ses retraités baisser de… 30 % !!!!!

Le système actuel français reste encore supérieur, en terme de montant de pensions, à la majeure partie de ses

voisins européens. Ces statistiques sont d’ailleurs un des arguments

des ultras libéraux qui affirment haut et fort « arrêtez de

Taux de pauvreté des retraités en Europe : vous plaindre ». Les chiffres de l’OCDE sont clairs : là où la France
-FRANCE : 6,3% (65-74 ans) et 9,5% (+75 ans). redistribue, en moyenne, 74 % de l’ancien salaire en pension, les

-ALLEMAGNE : 15% (65-74 ans) et 18% (+75 ans). pays européens redistribuent 63 %, et les retraités français vivent en

-ESPAGNE : 14% (65-74 ans) et 16,1% (+75 ans). moyenne 5 ans de plus !!! On nous reproche d’être trop sociaux !

Le projet de réforme des retraites s’appuie sur un chiffre majeur et
incontournable : 14 %. Que représente-t-il ? A partir du 1er janvier 2025, le montant total des pensions de retraite en
France ne pourra pas dépasser 14 % du PIB national. Cela signifie qu’il faudra se partager un gâteau aux parts de plus en
plus réduites, puisqu’il est prévu un quasiment doublement du nombre de retraités en France d’ici à 2050. Cela se fera
également à un taux de prélèvement unique pour tous, à savoir 28,12 %. Ces sommes ainsi collectées pourront être
capitalisées. Nul besoin de rappeler les scandales d’ENRON ou des fonds de pension (Les filatures du Nord de la France
bradées pour des fonds de pension de retraités québécois).

C’est une vraie réforme systémique qui nous attend. Nous allons passer à un régime purement contributif où les
solidarités seront financées et gérées à part (maladie, grossesse, congé parental, 3e enfant, handicap, etc.). Ces
solidarités disparaitront tout simplement. Ces « accidents de la vie  », autrefois intégrés à hauteur normale de cotisation,
seront comptés à hauteur du salaire ou du traitement (cf. p. 5) !

La logique actuelle est la suivante : on ajuste les cotisations en fonction du niveau de retraite voté (système à
pension définie). La réforme inverse la tendance : le niveau des pensions s’ajustera à 14 %, automatiquement ! La valeur
du point servira de variable, en « pilotage automatique ». Terminées les négociations !

Prise en compte de toute la carrière ! Exemple : un retraité part en 2018. Son salaire moyen sur les 25 meilleures
années est de 2099 euros. Pension = 1861 euros. Si on prend en compte toute sa carrière (avec une période de chômage)
le salaire moyen tombe à 1307 euros. pension = 800 euros.

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