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  • Posté le 11 mai 2016.

Table ronde : un protectionnisme économique, social et environnemental c’est moderne !

Lors de son congrès, le syndicat CGT des douanes a organisé une table ronde autour de l’intérêt de mettre en place un protectionnisme économique, social et environnemental. Loin de vouloir fermer les frontières, il s’agit de lutter activement contre le dumping social au niveau international et garantir la qualité des produits qui circulent sur notre territoire et de lutter contre le financement d’organisations mafieuses. Les intervenants venaient de divers horizons : Florindo Iervolino (Douanier à Gènes en Italie et militant de la CGIL), Pierre Delval (Criminologue président de la fondation Waito qui lutte contre les contrefaçons et les activités mafieuses qu’elles génèrent), Bernard Thibault (membre de l’organisation internationale du travail et ancien secrétaire général de la CGT), Manuela Dona (Secrétaire générale du syndicat CGT des douanes).

Tout les intervenants s’accordent à dire que la globalisation économique n’a cessé de prendre de l’ampleur. Bernard Thibault a rappelé pourtant que les règles qui régissent le travail sont du ressort des états qui n’ont dès lors de cesse d’entrainer les travailleurs vers un dumping social sans fin. Au niveau international, les structures économiques et financières (FMI, G20, OMC) prennent aujourd’hui le pas sur la seule organisation qui se préoccupe des travailleurs, à savoir l’OIT (Organisation internationale du travail). Les normes de l’OIT devraient pourtant avoir valeur suprême. Et, les multinationales doivent être reconnues comme responsables des normes sociales et environnementales de leurs produits, en particulier en cas de sous-traitance en cascade. 500.000 multinationales font travailler indirectement un travailleur sur cinq. Par ailleurs, un travailleur sur deux n’a pas de contrat de travail dans le monde.

Bernard Thibault pose aussi la question de savoir s’il ne faut pas mettre en place une chaine de contrôle publique à l’échelle internationale ? Cela pourrait passer par de nouvelles missions pour la Douane en lien avec les inspecteurs du travail. Bien évidemment, les mêmes qui revendiquent de lever toutes les « barrières » douanières, fiscales, etc... ne veulent pas entendre parler de normes sociales internationales. Mais si nous voulons faire en sorte que les produits respectent des critères sociaux, il faudrait réfléchir à étendre le périmètre du champ des professionnels du contrôle des marchandises.

Dans un autre registre, les guerres civiles et les conflits, particulièrement autour de la Méditerranée sont source d’un accroissement des trafics illicites. Pour pouvoir continuer leurs actions et leurs guerres, les belligérants ont besoin d’argent. Et pour avoir de l’argent, ils ont décidé de se focaliser sur le développement des trafics illicites (stupéfiants, tabacs, hydrocarbure, médicaments). Produits sur lesquels les douanes sont totalement impliquées en matière de contrôle.

Pierre Delval précise que la fondation Waito a travaillé concrètement sur les trafics de tabacs. Dans la seule zone du Sahel, Aqmi a réussi à lever plus de 650 millions de dollars pour chaque année en 2014 et 2015. En Syrie, le trafic autour du Captagon, détournée pour être utilisé comme excitant en Syrie, a généré 800 millions de dollars par an de profits pour les organisations criminelles. Plusieurs milliards de dollars de profits sont ainsi générés par ces trafics qui se déversent aujourd’hui en Europe. Ils servent notamment au financement des organisations djihadistes pour leurs actions armées et mais aussi au financement des groupes radicaux en Europe.

Les douanes ont un rôle majeur à jouer dans cette histoire, plus encore que les services de renseignement de la Défense et l’intérieur. Car les douaniers sont les spécialistes de ces trafics et le terrorisme est de plus en plus financés par ces trafics. S’il y a un travail a mener contre les trafics illicites, cela doit se faire par et avec les douanes.

Florindo Iervolino a, quant à lui, expliqué aux congressistes le fonctionnement des douanes en Italie. En 2012, la douane italienne, agence fiscale du ministère des finances qui contrôle les marchandises, les personnes et des bagages, a été fusionnée avec l’agence des monopoles qui contrôle le secteur des jeux et du tabac. Elle est composée d’une direction générale et 9 directions interrégionales et compte 11.500 douaniers. Il important de préciser que le périmètre de cette direction n’inclue pas les missions exercées par la Guardia di Finanza (68000 agents). Depuis 2006 en Italie, aucun concours n’a été organisé pour recruter des douaniers.

Les fonctionnaires italiens sont visés comme les grands responsables de la dépense publique par les gouvernements de droite comme de gauche. La CGIL s’efforce de casser l’image répandue dans l’opinion publique du fonctionnaire qui ne serait qu’un fainéant. Ce sont bien les politiques d’austérité qui exacerbent l’individualisme au détriment de l’intérêt public.

Manuela Dona est intervenue pour indiquer que le protectionnisme social et environnemental a plus que jamais du sens. Si le mot protectionnisme a pu heurter notre organisation, l’intégration de la loyauté dans les échanges a fait son chemin. La CGT revendique maintenant le fait de taxer les entreprises multinationales qui ne respectent pas les règles sociales édictées par l’OIT. Le syndicat CGT des douanes a d’ores et déjà organisé des rencontres avec les douaniers belges, allemands, portugais, anglais espagnols …

L’idée lancée par le syndicat CGT des douanes d’un manifeste pour une douane européenne recueille d’ores et déjà le soutien de la CGIL. Pierre Delval a également indiqué qu’il était signataire du manifeste et qu’il va pousser l’action de ce manifeste auprès des états membres de l’Union européenne.


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