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  • Posté le 3 juillet 2025.

Politique migratoire : de la xénophobie bien ficelée...

Le jour des 85 ans de l’Appel du 18 juin 1940, le ministre de l’Intérieur (produit de l’extrême-droite) Bruno Retailleau a choisi cette date pour organiser une vaste « opération » contre les « sans-papiers » partout sur le territoire national.

Des douaniers ont été mobilisés pour renforcer les « 4000 forces de l’ordre » déjà prévues.

Comment continuer de faire comprendre à nos concitoyens le but et l’intérêt de notre administration si c’est pour qu’elle soit toujours plus instrumentalisée par une politique tantôt ultra-libérale quand il s’agit de marchandises, tantôt ultra-réactionnaire quand il s’agit de personnes ?

Pour information, la douane est déjà engagée depuis novembre 2024 dans la création d’une force aux frontières regroupant l’armée, la gendarmerie et la PAF. La DG a précisé au GT Missions migratoires du 10 juin que les brigades participeraient à 5 zones : Est, Sud Est, Sud, Ouest, Sud-Ouest à hauteur de 30 ETP maximum (6 ETP par zone)

Or, ce n’est pas du tout ces effectifs qui ont été mobilisés les 18 et 19 juin pour répondre à cette opération de communication du futur présidentiable ministre de l’intérieur : Nombreuses BSI ont vu leurs cotes de service bouleversées pour s’engager dans cette mission de traque aux « sans-papiers ».

1. La politique migratoire : de la xénophobie bien ficelée

Ce qu’on désigne par les « sans-papiers » revêt en réalité une multitude de personnes et situations diverses. Parmi toutes ces personnes se dessinent toutefois deux points communs :

’ Elles sont perçues comme différentes et considérées comme responsables de toutes les conséquences dramatiques des politiques libérales.

’ Elles subissent des délais et contraintes administratifs intenables, ce qui les rend toujours plus précaires et donc toujours moins susceptibles d’obtenir une situation régulière.

La politique migratoire organise donc la précarité des « sans-papiers » ce qui justifie leur traque et leur expulsion. Elle se veut être le remède à un « problème » dont elle est elle-même la cause.

Tantôt utilisée pour « lutter contre le terrorisme », tantôt pour « prévenir l’insécurité », tantôt pour « sauver notre économie », il ne faut pas être dupe. Aujourd’hui, comme il y a 85 ans, la chasse aux étrangers ne répond qu’à un seul but : la xénophobie.

Est-ce que nous voulons vraiment continuer à être associé à cette politique-là ?

2. Ce n’est pas la mission douanière que de participer à cette politique

Nous sommes l’administration de la marchandise, de l’argent, des capitaux, de la fiscalité, des normes, de la protection du consommateur.

Perpétuellement confondue avec la PAF qui – de fait – s’en donne à coeur joie pour lui refourguer sa mission migratoire sur certains points de passages frontières (PPF) et points de passages autorisés (PPA), la douane doit désormais marcher main dans la main avec policiers et gendarmes et répondre directement aux ordres d’un ministre qui n’est même pas le sien, pour traquer les « étrangers » ?

Les douaniers ne sont pas douaniers pour récupérer la mission migratoire de la police, pour servir la politique (anti)-migratoire du Gouvernement ou pour répondre aux ordres du ministre de l’Intérieur qui semble concourir à l’homme qui laissera dans l’histoire la politique la plus sécuritaire
.
Nous constatons de plus en plus de transport de cocaïne sur tous les vecteurs de transport, la fraude à la TVA explose, les normes des millions de marchandises e-commerce sont difficilement contrôlées... Et la douane semble diminuer les moyens humains qu’elle y alloue afin de céder aux sirènes d’un ambitieux ministre.

Si la police refuse de désobéir, la douane quant à elle n’a pas à obéir. Bruno Retailleau n’est pas notre ministre. C’est maintenant qu’il faut résister.

Quasiment au même moment (hasard des calendriers !), et pour la première fois, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour ses contrôles policiers discriminatoires (contrôles au facies...).

Malgré tout, c’est une décision qui reste bien timide sur le fond.

En outre, cette même CEDH est attaquée et fragilisée par une déclaration commune signée par neuf gouvernements de pays européens menés par l’Italie et le Danemark pour s’insurger contre sa jurisprudence, notamment celle prononcée au visa de l’article 3 de la Convention (pourtant ratifiée par tous les membres du Conseil de l’Europe), en ce qu’elle entraverait leur politique migratoire !

Conclusion : résistance.

Face à la montée du fascisme, il est plus que jamais urgent de montrer à notre DG et à nos concitoyens à quoi notre administration aux mille missions doit servir et surtout ce à quoi elle ne doit pas servir.

La douane doit se poser la question de savoir de quel côté de l’Histoire elle veut être.

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