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  • Posté le 18 novembre 2022.

Philippe Martinez en visite aux douanes de Metz

Les douaniers messins se battent pour le maintien d’un service public de qualité

Soumis depuis des années à d’incessantes restructurations de leurs services, les douaniers de Metz ont exprimé leur désarroi et leurs attentes lors d’un échange avec Philippe Martinez, en déplacement en Moselle le jeudi 3 novembre. La volonté résolue d’accomplir au mieux leur mission de service public se trouve au cœur de leurs préoccupations.

De la fierté d’être douanier et d’accomplir une mission de service publique aussi utile qu’efficace : c’est ainsi que l’on peut résumer les propos exprimés par une vingtaine de douaniers face à Philippe Martinez, à Metz le jeudi 3 novembre. Le Secrétaire général de la CGT était ce jour-là en Moselle afin de rencontrer des fonctionnaires d’Etat, hospitaliers et territoriaux en amont des élections professionnelles de la fonction publique le 8 décembre.

Au plan national, l’avenir de l’ensemble des personnels douaniers est aujourd’hui menacé par le transfert de missions fiscales douanières vers la DGFIP, soit 11 taxes sur 14 d’ici à 2026. Pour le SNAD-CGT, ces transferts constituent une attaque contre le cœur même du métier de douanier.

La direction interrégionale des douanes à Metz apparaît néanmoins comme un cas d’école. « Avec une
soixantaine de restructurations en quelques années, c’est un triste record », constate Manuela Dona,
Secrétaire générale du syndicat CGT des douanes, également présente dans la capitale lorraine.

La création puis l’abandon de services comme le recouvrement de la taxe essieu, transféré à la DGFIP
en 2021, a provoqué une gestion erratique des effectifs, la direction recourant à des mutations ou à des
recrutements locaux et hors concours au gré des besoins et sans visibilité à long terme. Des agents
recrutés et formés se retrouvent sans mission du jour au lendemain tandis que d’autres croulent sous
les dossiers en raison de sous-effectifs.

« Quand je suis revenu, il y avait quelque chose de cassé »

Le témoignage des agents reflète le désarroi provoqué par ces constantes réorganisations qui révèlent
parfois une grande part d’improvisation de la part de la direction générale mais aussi l’absence de volonté de fournir des perspectives d’avenir claires quant au maintien des emplois. « Il y a une déloyauté chez nos interlocuteurs qui parlent de vous comme de flux et de stock », déplore Manuela Dona.
Catherine, proche de la retraite et qui a fait l’ensemble de sa carrière aux douanes, illustre ces
bouleversements qui entraînent des risques psycho-sociaux : « Je travaillais à la recette et je me suis
absenté pendant deux ans. Quand je suis revenu, je n’ai pas reconnu la recette, il y avait quelque chose
de cassé. »

Face à la mobilisation, la direction générale a modifié fin septembre le calendrier et le périmètre des transferts des missions fiscales. Pour autant deux services à Metz demeurent affectés : le SND2R et la recette interrégionale.

Le premier est notamment chargé du recouvrement de la TICPE (Taxe intérieur de consommation des
produits énergétiques) et avec son transfert « nous aurons une soixantaine d’agents sans travail en
2024 », prévoit Véronique Wagner, secrétaire de section SNAD-CGT. Quant à la recette, qui perçoit
taxes et amendes, ce sont 23 agents dont l’avenir est des plus incertain, précise-t-elle : « On ne sait pas
s’il y aura ou pas maintien du réseau comptable. Rien n’est encore défini et au niveau de notre
direction, ils ne savent pas comment cela va se mettre en place. De façon générale, rien n’est prévu sur
le départ des taxes. Notre problème est vraiment où allons-nous et que voulons-nous ? »

La réaffectation d’une partie du personnel douanier vers la DGFIP apparaît des plus aléatoires car le
nombre de postes à pourvoir sera inférieur à ceux qui seront supprimés.

« Nous protégeons les entreprises et les citoyens »

Lorsqu’ils prennent la parole un à un, les douaniers disent en priorité leur attachement à leur administration et à la grande diversité de ses métiers. « Je veux rester en douane », assurent-ils unanimement en exposant la finalité de leurs missions. « Nous assurons le recouvrement de 15% des recettes de l’Etat et nous assurons les contrôles nécessaires pour lutter contre la fraude », dit une agente en soulignant le rôle de la douane dans la régulation du système économique. « Nous protégeons les entreprises et les TPE-PME sont très demandeuses de contrôle des échanges internationaux, nous protégeons la santé des citoyens par le contrôle des normes et dans toutes nos missions nous sommes très efficaces puisque 100 euros perçus par la douane ne coûtent que 38 centimes à l’administration », abonde une autre.

Une crainte récurrente exprimée lors de l’échange porte sur le maintien des contrôles contre la fraude,
aucune disposition dans ce sens n’étant à l’heure actuelle prévue dans le transfert des missions fiscales
vers le DGFIP. « En matière de lutte contre la fraude et je ne comprends pas quel est le message qui est donné », s’interroge Xavier.

« On peut entrer dans la douane par hasard mais on n’y reste pas par hasard », résume finalement
Agnès, aux douanes depuis 34 ans.

« J’entends que votre rapport au travail est fortement dégradé car d’une part on vous empêche de bien
faire votre boulot et d’autre part vous n’avez pas de perspectives, il n’y a rien de plus démotivant »,
relève le Secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Face au grotesque de la situation, Manuela Dona appelle ses collègues à se mobiliser : « Sur les 700 emplois qui devaient être supprimés dans le cadre du transfert des missions fiscales, nous en avons sauvé 154. Ce n’est pas suffisant et il faut continuer à se battre. La direction générale a reculé en gardant les amendes juridictionnelles dans les recettes interrégionales des douanes, ce qui veut dire que le projet d’unifier tout le recouvrement dans une seule et même administration n’est pas possible.
Chaque petit recul que nous obtenons aura un impact sur ce que vous allez vivre au quotidien dans les
services. » Une bonne raison pour ne pas bouder les urnes le 8 décembre en soutenant la CGT dans
son combat pour le maintien d’un service public de qualité.

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