À l’occasion d’un déficit public creusé avec une constance remarquable par les gouvernements Macron, une petite musique anti-fonctionnaire réapparaît, comme s’ils étaient la source de tous les maux. Des recettes punitives leurs sont promises tel que l’augmentation des jours de carence (dorénavant 3 jours), la baisse de leur rémunération en cas d’arrêt maladie, le gel du point d’indice, la suppresion de la garantie individuelle du pouvoir d’achat. Pour le coup on pourrait parler de concours Lépine des mesures les plus injustes pour la fonction publique.
Évidemment, il n’est pas question pour nos gouvernants de s’intéresser aux causes de nombreux arrêts maladie, d’évoquer la dégradation des collectifs et des conditions de travail qui se traduit par toujours plus de conflits, toujours plus de disciplines, de déplacements dans l’intérêt du service. Pas non plus la peine de s’intéresser à la perte de sens au travail que génèrent des réformes aussi incessantes que mal pensées et contre productives (le transfert des missions fiscales par exemple). Surtout inutile de s’attarder sur la perte considérable d’attractivité de la fonction publique sinon sous l’angle de réunions fumeuses qui ne débouchent sur rien de concret.
En fait les principaux maux de la fonction publique viennent de l’incurie de nos dirigeants, de leur absence de vision pour ce que doit être la fonction publique de demain, utile pour tous socialement, économiquement et environnementalement. Ce sont eux qui font les lois, qui les multiplient à l’infini, sans se soucier de la complexité dans laquelle ils plongent ceux qui sont chargés de les faire appliquer. Ce sont eux qui sont soumis aux différents lobbys qui font que l’intérêt général ne prévaut plus sur les intérêts particuliers. Notre classe politique est devenue le maillon faible de la République.
Et comment ne pas parler du mépris du ministre de la fonction publique envers les fonctionnaires, qui se félicite de la nomination d’Elon Musk et qui dit, à l’occasion d’un tweet : « j’ai hâte de partager avec vous les meilleures pratiques pour lutter contre l’excès de bureaucratie, réduire la paperasse et repenser les organisations publiques pour améliorer l’efficacité des agents publics ».
Alors il est toujours plus facile de chercher des boucs-émissaires et d’opposer le public et le privé plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes. Plus facile de ne pas rappeler que plus de 70% des salariés du privé sont couverts par des conventions collectives et que celle ci prennent en charge les jours de carence, que dans de nombreuses entreprises des comités d’entreprises offrent des prix très avantageux à leurs salariés que ce soit pour des biens ou des services, et que la couverture mutuelle est parfois intégralement prise en charge tout comme les transports pour se rendre sur les lieux de travail.
Manifestement la démagogie en politique a de beaux jours devant elle, l’intérêt général beaucoup moins. Et le ministre de la fonction publique, soutien de Macron de la première heure, fait partie de ceux qui ont creusé le déficit de la France de façon abyssale. Ce monsieur devrait donc balayer devant sa porte.
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