Le 10 septembre 2009, plus de 1000 « managers douaniers » ont eu l’immense plaisir d’être conviés à un show médiatique à l’américaine (écrans géants, journaliste professionnel, petits fours etc.) pompeusement appelé « CAP 2012 ». On notera que Monsieur Fournel n’avait pas convié les syndicats douaniers [3], pas même les signataires du relevé de conclusions issu des « négociations » d’octobre 2008.
Le seul « partenaire social » convié était… le MEDEF ! Celui-ci donnait d’ailleurs plus l’impression d’inviter que d’être invité puisqu’il était à la tribune. De là à penser qu’il a participé à l’élaboration du « contrat de performance »... [4]
Plus de 1000 personnes pour cette messe Médéfienne, soit autant d’emplois qu’il est prévu d’en supprimer en Douane dans les trois prochaines années ! À statistique éloquente, réalité terrifiante !
Comment expliquer cette débauche de moyens en termes de communication et de propagande, si ce n’est par le fait que les dirigeants de la DGDDI sont confrontés à une défiance sans cesse grandissante des agents, mais aussi de l’encadrement ? Alors, l’administration « met le paquet », au point d’en provoquer l’écœurement !
Cette orgie libérale aura certainement coûté plus d’un million d’euros ! L’organisation à elle seule de cette grand-messe aurait coûté plus de 500 000 euros. A cela il faut ajouter les frais de transport des « managers » convoqués, le prix d’édition de la plaquette, les frais d’envoi et le coût des réunions « en cascade ».
En termes de « temps-agents », le calcul est aussi exorbitant : 1000 agents mobilisés la journée du 10 septembre, auxquels il faut ajouter 3 heures de propagande imposée à chacun des 18 000 agents soit par les chefs de services soit par les directeurs eux-mêmes s’ils doutent de leur encadrement intermédiaire. Sans compter le temps de préparation ni celui consacré aux déplacement, c’est au bas mot l’équivalent de 40 ETPT qui ont été « consommés » par l’opération CAP 2012 !
On n’avait pas vu une propagande aussi coûteuse dans notre administration depuis le « Sarkoshow » des « 600 douaniers méritants » de l’automne 2004. La règle du « faire mieux avec moins de moyens » vaut donc pour la piétaille et les missions de service public mais pas pour la communication directoriale !
De ce moment historique est donc née une brochure luxueuse et coûteuse : « CAP 2012 ». Ou comment une montagne d’or accoucha d’une souris déglinguée...
Ce document prétend engager contractuellement les douaniers à une stratégie d’objectifs à réaliser, sauf que l’article 1101 du Code Civil stipule : « le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou ne pas faire quelque chose ».
Pas de véritable contrat, donc, mais un simple habillage des réductions massives d’effectifs, des fermetures de services et de la mise en compétition des agents !
La lecture du préambule révèle la tentative désespérée de l’administration de positiver à l’envie son discours sur les perspectives d’avenir de la Douane. Son langage est choisi en conséquence et n’hésite pas à user de certaines formulations « répondre aux besoins de service public », « service public régalien rendu par la douane », « administration régalienne intégrée »... qui trahissent le souci de gagner par tous les moyens l’adhésion des douaniers. Cette façon de faire marque aussi -surtout- une volonté de banaliser le discours syndical et les valeurs fondamentales en matière de service public douanier, auxquelles se réfère la CGT ainsi que d’autres syndicats.
Il s’agit ici de l’enjeu majeur de cette débauche de moyens. L’observatoire interne du Ministère indique que les agents, et en particulier les douaniers, font beaucoup plus confiance aux syndicats qu’à l’administration pour les informer.
Le Ministère a imposé au Directeur général de redresser la barre de toute urgence et l’indicateur de la « part d’audience de la hiérarchie parmi les vecteurs d’information des agents ». Il n’est pas sûr que sa note du 30 juillet sur les saisies de stupéfiants lui permette d’atteindre ses objectifs cette année. Il sera également plus sage de compter sur les syndicats (la CGT, en tout cas) que sur la hiérarchie pour informer les agents sur la façon dont les parlementaires jugent la performance en douane...
Une nouvelle fois, le fossé se creuse entre les enjeux développés dans ce document et les réalités quotidiennes des agents du terrain.
Les réunions de présentation CAP 2012 auront beau se répéter à l’envie, les agents ne sont pas dupes de cette propagande imposée. L’administration pousse parfois le cynisme jusqu’à faire passer ce bourrage de crâne dans les heures de formation des agents !
Le Directeur Général souhaite dynamiter… pardon !... dynamiser le travail des agents.. Après avoir énoncé dans le préambule, ses quatre priorités et ses quatre impératifs, il tente de convaincre une dernière fois les douaniers sur leur avenir à l’issue du contrat de performance, un avenir qu’il lui semble possible de tracer à grands traits, quatre là-aussi !
Mais au bout du compte, la seule chose dont sont assurés les douaniers, c’est de la volonté indéfectible du directeur général, à court terme, de supprimer plus de 1000 emplois douaniers, avec toutes les conséquences qui sont déclinées dans le contrat pluriannuel de performance, signé par lui seul avec le ministre !
[1] Dès l’ouverture du groupe de travail « présentation des orientations du contrat pluriannuel de performance pour 2009-2011 », le 9 juillet 2009, nous contestions l’utilité de mobiliser autant de personnes (représentants syndicaux et hauts gradés de notre administration) pendant une demi-journée alors que le document pouvait nous être envoyé : prendre connaissance d’un document en séance ne permet pas d’en débattre. La réalité s’est révélée encore bien pire : le contrat n’étant pas encore formellement signé au jour de la réunion, il était hors de question de nous en dévoiler le contenu mais simplement quelques vagues « orientations » dans un diaporama... Et nous étions loin d’imaginer le grand cirque « CAP 2012 » !
[2] Ce ne serait pas une première : selon Laurence Parisot, la Charte des contrôles douaniers qu’elle a signée avec Éric Woerth le 31 mars dernier à Bercy est « la concrétisation d’un travail commun mené entre les douanes et le Medef ». Elle avait profité de ce rendez-vous pour faire sa liste au Père-Noël douanier et n’a pas tardé à voir l’un de ses vœux exaucé puisque, depuis le forum douane/entreprise du 24 juin 2009, le MEDEF décide désormais des horaires d’ouverture des bureaux de douane... (cf compte-rendu de cette réunion).
[3] Dès l’ouverture du groupe de travail « présentation des orientations du contrat pluriannuel de performance pour 2009-2011 », le 9 juillet 2009, nous contestions l’utilité de mobiliser autant de personnes (représentants syndicaux et hauts gradés de notre administration) pendant une demi-journée alors que le document pouvait nous être envoyé : prendre connaissance d’un document en séance ne permet pas d’en débattre. La réalité s’est révélée encore bien pire : le contrat n’étant pas encore formellement signé au jour de la réunion, il était hors de question de nous en dévoiler le contenu mais simplement quelques vagues « orientations » dans un diaporama... Et nous étions loin d’imaginer le grand cirque « CAP 2012 » !
[4] Ce ne serait pas une première : selon Laurence Parisot, la Charte des contrôles douaniers qu’elle a signée avec Éric Woerth le 31 mars dernier à Bercy est « la concrétisation d’un travail commun mené entre les douanes et le Medef ». Elle avait profité de ce rendez-vous pour faire sa liste au Père-Noël douanier et n’a pas tardé à voir l’un de ses vœux exaucé puisque, depuis le forum douane/entreprise du 24 juin 2009, le MEDEF décide désormais des horaires d’ouverture des bureaux de douane... (cf compte-rendu de cette réunion).
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