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  • Posté le 10 octobre 2018.

Dormez tranquilles braves gens !

Un comité technique de réseau est un exercice difficile. Aux yeux du directeur général, le CTR des 2 et 3 octobre était même un exercice pénible : obligé d’être confronté à des gens qui ne partagent pas en tous points son avis pendant des heures de discussions qui ne semblent pas le concerner. Et ce, juste avant un rendez-vous capital face à un journaliste de BFM et en même temps qu’un déplacement ministériel qui aurait pu lui valoir les honneurs des caméras – rôle qu’il abandonna à son double, mais ça ne semblait pas de gaité de coeur.

Au menu de ce CTR, trois points à faire voter aux organisations syndicales et quatre points d’information. Et il faut ensuite trouver le temps pour répondre auxs questions diverses, posées par écrit au préalable par les organisations syndicales.
Du moins en théorie.
Car la Direction générale a décidé de mener tout celà à marche forcée et dans un désordre assumé : changement des points de l’ordre du jour jusqu’à la dernière minute, non-communication des PV des CTR précédents, communication de documents de travail sur table – documents qui n’ont même pas été lus par une partie de la parité administrative – horaires modifiés au dernier moment, réponses cinglantes voire même méprisantes, sujets esquissés mais pas traités pleinement ou questions diverses définitivement envoyées aux oubliettes... On nous aura même fait comprendre que les déclarations de notre ministre n’ont aucune valeur, du moins quand elles n’arrangent pas la cellule communication de notre DG. Rien ne nous aura été épargné. Le DG s’ennuie et le fait payer à toutes les personnes présentes.

La direction générale nous proposait de voter sur la création du Service à Compétence Nationale Aéromaritime. Nous n’avons pas voté. A l’heure actuelle, les documents de travail et les instances réunies n’ont pas pu nous permettre de nous faire un avis complet sur la question. La création du service est une idée cohérente, mais il reste tellement de flou autour de cette création que nous ne sommes pas en mesure de nous exprimer.
Un autre vote était proposé sur la loi ESSOC, toutes les organisations syndicales, sauf l’UNSA qui s’est abstenue, ont voté contre. L’estimation de la charge de travail additionnelle n’a pas été faite, le DG l’a reconnu devant la commission des finances. Cette loi impliquera un grand nombre de tâches additionnelles pour des agents déjà surchargés, malgré les approximations de la direction. Nous ne cautionnons pas une augmentation de la souffrance au travail.
Le dernier point mis au vote concernait le plan national de formation 2019 et son énorme catalogue de formations proposées. Sur ce point, nous nous sommes abstenus. Le catalogue est certes très complet, mais l’administration n’est pas en mesure de nous garantir que tous les agents pourront suivre ces formations. Le profilage des postes qui a cours depuis quelques années laisse même supposer que la plupart de ces formations ne seront accessibles qu’à un nombre restreint d’heureux agents.

Les quatre autres points prévus à l’ordre du jour ont été expédiés.
La magistrate du SNDJ nous a rejoint pour un point sur l’affectation des Officiers Financiers Judiciaires. Nos questions ont eu peu de réponses concrètes. Nous avons toutefois appris que la DG comptait revenir sur ce point au début de l’année prochaine, quand les officiers financiers judiciaires seront déjà en formation. Nous mettons à nouveau la charrue avant les boeufs, mais il faut bien reconnaître qu’il serait stupide de changer une méthode qui a déjà largement échoué à faire ses preuves.
Le directeur général prévoyait au départ de traiter le bilan social en une demie-heure en expédiant cet "exercice" au plus vite. Nous supposons qu’il ne devait s’agir que d’une présentation sans grand intérêt pour lui. Pour nous, c’est l’inverse, nous avons des questions et nous voulons des réponses. Et pas seulement sur des points techniques comme la méthode de calcul du tableau de la page 32 ou la coquille aperçue page 17. Nous voulons parler de la situation des agents qui ont du mal à finir leurs fins de mois, des agents qui se sont suicidés, des visites médicales que les agents ne peuvent plus suivre faute de médecins de prévention, du manque de soutien de la part de l’administration. Nous obtenons quelques réponses mais le directeur général finira par écarter les sujets des suicides et des médecins de prévention. Quelques cas par an ne doivent pas peser bien lourd sur sa conscience.
Le projet de loi de finances 2019 devait lui aussi être présenté rapidement, mais encore une fois, le navire du DG s’est brisé sur l’écueil de la réalité. Il nous a présenté quelques chiffres, quelques annonces et était prêt à refermer le dossier, quand il fut assailli de questions sur l’avenir de nombreux services, au premier lieu la garantie et le recouvrement. Le DG préfère éluder ces questions ou nous donner des réponses plus vagues et délirantes les unes que les autres.

Quid des questions diverses ? "Pas le temps", nous répondit le DG qui courait déjà à son prochain rendez-vous, "mais je vous laisse en compagnie du chef de service qui vous répondra sur le Brexit après la pause méridienne". Oubliées donc, nos questions pourtant nombreuses et nous pensons que nous n’obtiendrons pas de réponse avant longtemps.

Jusqu’ici, ce CTR-spectacle n’était pas brillant. Heureusement, nous avons eu droit à un rappel. Et celui-ci fut bien plus constructif en une heure et demie que la journée et demie que nous venions de passer en présence du directeur. Pour la première fois, nous n’étions pas confrontés à un mur de mépris et nous obtenions des réponses à nos questions. Nous n’étions pas d’accord sur tout, mais on pouvait au moins discuter.
Ce point spécial sur le Brexit n’était pas prévu à l’ordre du jour mais a été ajouté au dernier moment suite à la visite et aux déclarations du ministre dans les Hauts de France. On nous a donc présenté l’avancement des travaux et sommes à peu près persuadés que la DG essaie de s’appliquer la méthode Coué.
Disons le clairement, nous sommes suspendus aux négociations entre le gouvernement britannique et Bruxelles. Si aucun accord n’est trouvé, le 30 mars prochain, le Royaume Uni sera un pays tiers et jusqu’ici, la DGDDI ne nous semblait pas du tout prête à cette révolution. On nous assure que tout ira bien, mais nous avons du mal à y croire.
Le flux des exportations-importations sera probablement très différent de celui des expéditions-introductions et beaucoup plus volumineux. Le bureau qui devrait être créé entre Calais et le Tunnel n’est encore qu’un projet et nous ne disposons pas encore du terrain, difficile à croire que l’on puisse construire, aménager et équiper un bureau de douane à partir de rien en moins de six mois.
Le flux des passagers à venir et les opérations de détaxe ou de contrôles qui en découlent n’ont pas été véritablement pris en compte. La direction générale sait qu’il y aura du travail additionnel, d’où découlent les fameuses créations de postes dont on entend si souvent parler, mais à notre avis, ces créations de postes sont largement insuffisantes.

Presque deux jours de discussions pour bien peu de choses, c’est un bilan bien médiocre du dialogue social à quelques semaines des élections mais tout à fait à l’image de ce que la direction générale imagine pour notre avenir commun : naviguer à vue et faire un petit peu n’importe quoi au petit bonheur la chance.

Pour la CGT, et c’est ce que nous faisons au travers de notre campagne médiatique et vers les parlementaires "12 visuels, 12 semaines", la défense des douaniers et de leurs missions essentielles reste notre priorité. Du 29/11 au 6/12, votez CGT.

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"Où l’intérêt domine, la raison a beau parler, elle n’est guère écoutée."
Antoine GOMBAUD, Les maximes, sentences et réflexions (1687)


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