Le Havre

• Posté le 8 novembre 2010.

Lettre ouverte suite à la diffusion du dernier Quai des Brumes

A l’attention de Monsieur le Directeur régional des Douanes du Havre, des agents de la CELTIC, de MM. les CSD, CDU et leurs adjoints

Le « Quai des Brumes d’Octobre 2010 » a de fait « suscité une forte émotion » (pour paraphraser le DR) auprès de nos collègues, avec notamment les articles d’Ali Gator sur le reportage en « Immersion » et l’article sur l’usage havrais du mémento. En tant que secrétaire régional et rédacteur en chef de ce journal syndical, je tiens à assumer la pleine et entière responsabilité de ce qui a été écrit. Je tiens aussi à m’excuser pour la phrase malheureuse « eux ce sont des Celtricmen, ni vraiment des collègues, ni vraiment des douaniers », qui ne reflète nullement la pensée de son auteur. Nous sommes tous collègues, tous douaniers, tous dans la même barque, même si on ne rame pas tous dans le même sens.

Pour le reste, nous nous en tiendrons au propos de l’article : moqueur, sarcastique, féroce, insolent, etc. mais qui n’avait évidemment pas pour but de blesser qui que ce soit. Ce n’étaient pas les agents qui étaient visés même si je peux comprendre leur incompréhension et leur colère d’être pointés du doigt sous cette forme. Si la démarche peut paraître abrupte, notre section souhaitait dénoncer une surmédiatisation constante d’un service, en l’occurrence la CELTIC, dans une émission débile, présentée par une bimbo qui n’est même pas journaliste, au moment d’une restructuration d’ampleur des services douaniers et particulièrement au Havre. Le cynisme est notre seule arme à l’heure actuelle où le dialogue social est inexistant, où les services ferment (LO 42), les brigades (BSEH/BSEV) fusionnent pour en faire une brigade morte, la BSEP, où les missions sont abandonnées, les agents complètement désorientés (voir la lettre ouverte signée par 20 agents de cette brigade) par une politique en effectifs suicidaire et un management sauvage et méprisant.

D’autre part, si les agents peuvent légitimement nous en vouloir d’avoir été moqués, ils nous semblent qu’un minimum d’humilité de certains, de réflexion sur la portée d’une telle émission aux yeux des autres collègues (on n’est pas obligé d’accepter de participer à de telles émissions ! Le Droit à l’image est le même pour toutes et tous, et rien, absolument rien n’oblige un agent à participer à ce genre d’émission) auraient prévalu. Ces reportages travestissent une réalité douanière bien plus déprimante que celle montrée ! Ces émissions ou séries ne défendent aucunement les missions de la Douane, ne servent uniquement à masquer une vérité connue des douaniers eux-mêmes : la Douane se meurt par des réformes successives qui balaient les missions et les effectifs.

D’un point de vue strictement syndical, nous avons pu aussi constater que nos quatre collègues ne tenaient absolument pas compte du protocole sur l’ouverture des conteneurs, régit pourtant par deux notes signées du Directeur Interrégional et du Directeur régional. Ce qui est pour le moins étonnant, à l’heure où vous, Monsieur le Directeur vous exigez le respect à la lettre des ordres de service, du texte régissant le droit de grève... Cela démontre encore un traitement inéquitable d’une situation à l’autre selon qu’on soit douanier à la BSEP ou douanier à la CELTIC.

Quand au reste des articles, le mémento n’a jamais eu pour but la délation ou de servir à régler des comptes. Si le terme « kapo » peut révulser, les comportements intolérables de certains sont aux antipodes de l’emploi d’un simple mot même provocateur. Là, on ne parle pas d’un mot mais d’actes lâches, de propos inqualifiables, d’attitudes sectaires à l’encontre de certains de nos collègues.

L’article joint a été rédigé par un Chef d’unité (CDU) en activité et nous aimerions que les CDU havrais et leurs adjoints s’en inspirent pour éviter de transformer le climat actuel délétère en une foire d’empoigne incontrôlable.

Concernant les propos inadmissibles et les comportements scandaleux, nous demandons par la présente à monsieur le Directeur régional son jugement de valeur et son avis (puisque vous nous l’avez immédiatement donné suite à un article de notre humble journal syndical) sur ces propos tenus par les divers acteurs de la hiérarchie havraise au cours des derniers semaines, qui se reconnaîtront, à moins d’allier la bêtise crasse à la lâcheté :
– « Les grévistes, on devrait les foutre devant un peloton d’exécution ! » (ce genre de propos est répréhensible par la Loi, et nous ramène surtout des années en arrière, à l’heure où une partie de la France baignait dans le fascisme.)
– « La BSEC, fait honte à la Douane » (à ce propos, si les agents font tellement honte à notre administration, pourquoi les solliciter sans arrêt pour la télévision, la venue de délégations etc. Pourquoi autant de lettres de félicitations données pour l’accueil lors de ces visites etc ?)
– Mettre en fond d’écran, un film animé où l’on voit des gendarmes mobiles s’acharner sur un manifestant, est-ce admissible ?
– Ne pas respecter des notes signées par vous et le DI, cadrant le protocole de contrôle des conteneurs, est-ce d’usage ?
– Affirmer que se réfugier derrière des BOD sur la sécurité dans les contrôles, c’est être des feignasses, est-ce cela votre conception du management moderne ?
– Monter un ordre de service pour planter un agent gréviste, du jamais vu au Havre, est-ce cela votre conception du dialogue social ?
– Dénigrer systématiquement la BSEC, en les appelant « la brigade de rouges », parce qu’ils ne demandent qu’à travailler en toute sérénité et en toute sécurité, est-ce admis ?
– Fusionner deux brigades pour n’en faire qu’une seule, sans effectifs, mais avec les mêmes missions et un PAP 2011 en augmentation, est-ce une stratégie de modernisation de la Douane du havre où sa destruction annoncée ?

Etc. Etc. Etc.

Pour terminer, je tenais à rappeler que le « Quai des Brumes », n’est qu’un journal syndical local. La section du SNAD-CGT Le Havre tient a réaffirmer qu’elle ne se trompe pas d’ennemis, qu’elle connaît et qu’elle dénonce depuis des années au travers de nos tracts, mais nous savons aussi que la défense d’une douane socialement et économiquement utile, une Douane unie et solidaire, se fait sans un certain nombre de soi-disant « amis ». Nous savons aussi que d’autres émissions sont « programmées » dans les semaines à venir et nous réitérons que les agents ont le droit à l’image et peuvent refuser de participer à cette campagne télévisuelle qui ne sert pas la Douane.

Par la teneur de votre courrier, j’accepte vos griefs et je m’engage à rester vigilant sur la ligne éditoriale prochaine du « Quai des Brumes », et en promettant à l’avenir de ne plus blesser mes collègues, mais vous et vos sbires, par vos réformes faites au pas de charge, sans consultation du personnel et de leurs représentants, votre pression faite aux agents par un management agressif et outrancier, saurez-vous en faire de même ? Rien n’est moins sûr...

Avec mes sentiments du moment,