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  • Posté le 24 mars 2017.

Lettre des agents de la BCMA de Mérignac...

Monsieur le chef du bureau B2,

Les 16 et 17 février 2017, vous avez rendu une visite à La BCMA de Mérignac, au cours de laquelle vous avez déclaré vouloir échanger avec les agents. Il s’agissait de votre deuxième visite et nous supposions que vous vouliez faire le point sur les actions menées par B2 et celles à venir.

Malheureusement, ces discussions n’ont pas rassuré le personnel. Votre propension, à vous et à Monsieur BONNET, à glisser sur les sujets et à répondre superficiellement à nos inquiétudes, plutôt que d’apporter des perspectives claires et assurées, laisse penser que B2 n’a pas de vision, ni de projet, à moyen et à long terme, sur l’avenir de la maintenance aéronautique douanière et des problématiques qui en découlent.

Par la présente, nous nous faisons les relais des personnels techniques de la BCMA de Mérignac, par rapport au ressenti de chacun suite à votre passage. Nous aborderons, d’abord, les sujets organisationnels et terminerons par les problématiques des ressources humaines.

1/ Organisation et fonctionnement de la maintenance :

Nous avions évoqué, lors de votre première visite, la problématique de l’anticipation et nous vous avions questionné sur le sujet. Malheureusement, les erreurs passées ne sont pas corrigées et se répètent.

  • a. Le système de missions a été conçu par ASI et validé par le bureau B2. Toutefois, il n’a pas été pris en compte le fait que la maintenance de l’aéronef nécessitait la dépose du système de missions. Cette opération est trop contraignante, car non réellement pensée : ce défaut n’est toujours pas corrigé. Cela engendre une perte de temps non négligeable pour des opérations qui, à l’origine, devaient être simples, et impacte fortement les délais de maintenance aussi bien en base qu’en ligne. Il vous appartiendra d’avoir à l’esprit ces délais supplémentaires (et surtout évitables), avant de porter un jugement définitif sur la disponibilité de la flotte des KA 350. L’impression des agents de la BCMA de Mérignac est que la vision « opérationnelle » a été tronquée par celle d’une sous-estimation des moyens de soutien au profit des demandes des utilisateurs. Actuellement, la Douane est à un stade où ni l’une ni l’autre de ces visions n’a abouti.
  • b. La doctrine d’emploi du KA350 dans la Douane a été modifiée pour répondre à des considérations autres qu’opérationnelles. De ce fait, les nouveaux avions sont utilisés comme les vieux F406 qu’ils sont sensés remplacer de manière avantageuse. Il en résulte des vols à des altitudes nécessitant un rinçage journalier des moteurs : quelle est l’utilité de l’avionique moderne qui équipe nos KA350 ? Le constructeur, lui-même, n’a pas prévu ce cas de figure, ce qui va engendrer une usure prématurée de certaines pièces, une augmentation de la corrosion et l’achat par la Douane d’une grande partie du stock mondial de pièces consommables changées systématiquement pour chaque rinçage. Encore une fois, cela impactera la maintenance avec une inflation du volume de travaux supplémentaires non programmés. Ce rinçage journalier ne peut être effectué que par des PNNT, sauf dérogation… Cette obligation a des répercussions que vous ne semblez découvrir que maintenant. En matière de RH, par exemple, les échelons vont être sous-dimensionnés et ce sera aux agents de la BCMA de pallier à ce manque de personnel… c’est un sujet sur lequel nous reviendrons dans la deuxième partie. Ne vaudrait-il pas mieux revenir à l’utilisation des KA350 telle que prévue à l’origine ? Cela suppose certainement que vous échangiez avec nos collègues navigants et que vous acceptiez certaines concessions.... Il en va de l’intérêt général, sinon vous ne ferez que reporter le problème au niveau des PNNT sans rien résoudre. Vous aurez, alors, beau jeu de pointer les PNNT en occultant la genèse du problème.
  • c. Les marchés de soutien de la flotte aérienne douanière vont être renouvelés. Pourquoi attend-on la fin des marchés pour entamer les démarches de renouvellement ? On ne manque pourtant pas de visibilité sur la fin des contrats. La culture de DG-B2 est d’attendre, systématiquement, la fin du marché, de bricoler une solution d’urgence et de mettre les agents sur le fait accompli (ou plutôt, non accompli). L’exemple le plus flagrant aura été l’absence de marché outillage pendant près d’un an, ce qui a occasionné des retards importants dans la mise en conformité de toutes les unités par rapport à la FRA145 : ce chantier n’est toujours pas complètement achevé.
    Par ailleurs, et nous l’avons souligné pendant la réunion, il existe une grande différence dans l’appréciation des prestataires par le Bureau B2 et la BCMA de Mérignac.
    L’expérience montre que certains de ces prestataires sont plus fiables que d’autres en terme opérationnel. Il serait utile de prendre de solides garanties quant aux futurs titulaires du marché.
    Les agents de terrain vous font remonter ces informations. Quel que soit votre choix, ils feront de leur mieux avec ce que vous mettrez à leur disposition. En revanche, ce sera à vous d’assumer les éventuelles conséquences d’un mauvais choix.
  • d. Depuis votre première visite, un effort a été fait dans le but de doter la Douane d’un lot de fonctionnement « avionique ». Ceci représente une avancée certaine. Toutefois, il ne s’agirait pas de considérer ce lot comme suffisant pour parer à toutes les éventualités. Il est impératif de compléter ce stock Douane avec un lot de consignation, à la charge du prestataire, donc moins douloureux financièrement parlant pour notre administration. C’est au bureau DG-B2 de négocier avec le titulaire du marché une modification de ce lot de consignation.
  • e. Les travaux d’agrandissement de la BCMA de Mérignac sont prévus pour le second semestre 2017. Cela sous-entend une baisse du volume de chantiers de maintenance réalisable sur place. Vous, comme nous, avons convenu qu’il fallait ralentir la cadence de visites et en diminuant les heures de vol offertes aux unités pendant la durée des travaux. Pourtant, vous avez également convenu que vous ne pouviez pas nous garantir que ce serait le cas : vous comprendrez notre inquiétude. Nous allons droit dans le mur sans une réelle coordination entre l’exploitation et la maintenance, sans prépondérance du point de vue des uns au détriment des autres.

2/Problématiques liées aux RH :

  • a. La doctrine d’emploi des KA a été modifiée, comme évoqué précédemment. Le retour d’expérience de l’échelon technique de Hyères avion démontre la difficulté pour les agents d’être présents au départ et à l’arrivée des avions et d’accomplir leurs tâches de maintenance, d’effectuer leurs formations continues, de prendre leurs congés etc. Une solution a été trouvée pour les départs mais la présence systématique des PNNT est rendue obligatoire en raison du rinçage journalier des moteurs. Il apparaît donc évident que l’échelon technique de Hyères avion est sous-dimensionné. Ce qui est valable pour Hyères avion le sera, également, pour Lann-Bihoué. Un choix doit être fait entre augmenter les effectifs ou revenir à une « utilisation normale » de l’aéronef. Cela n’est pas sans conséquence, non plus, sur le fonctionnement de la BCMA de Mérignac, car ses effectifs sont amputés pour pallier le manque de personnel des échelons. Malgré l’idée répandue à DG-B2 que la BCMA regorge de ressources humaines, il vous faudra intégrer que seuls 10 agents sont « déplaçables » pour ces renforts, mais également que vous aurez à distinguer les « B1 » qui sont 6 des « B2 » qui sont 4. Ces effectifs sont à comparer avec le personnel des échelons (6) qui font de la ligne, et, donc, pour lesquels le volume des tâches de maintenance est moindre bien que les contraintes opérationnelles soient plus importantes. Les autres personnels représentent l’encadrement (3), le secrétariat (1), le bureau technique (2), la logistique (3) et l’atelier structure (2).
  • b. La problématique du déplacement des agents pour renforcer l’échelon technique du Lamentin est un sujet important pour le personnel de la BCMA. Votre définition du dialogue a de quoi laisser coi. Vous êtes arrivés avec une solution qui ne laisse place à aucune discussion : sujet clos, on passe à autre chose. Votre réponse n’est pas jugée satisfaisante par le personnel et il paraît évident que votre attitude conduira à un blocage. Cela n’est pas sans rappeler la façon dont a été traité le dossier des déplacements pour les renforts MSO à Hyères avion. Les mêmes causes provoqueront les mêmes effets. La BCMA de Mérignac s’investit afin de tenir les délais des chantiers. Vous amputez régulièrement ses effectifs pour divers renforts ; cela se fait, forcément, au détriment de sa mission première. Là encore, il faudra faire un choix : soit vous augmentez les effectifs des échelons, soit vous dimensionnez la BCMA de Mérignac avec des moyens humains en adéquation avec l’ensemble des missions que vous allez lui confier.
  • c. L’atelier structure est sollicité de toutes parts par les échelons et vous ne devez qu’à la bonne volonté de ses agents dont le volume d’heures supplémentaires est indécent, que les travaux puissent s’effectuer sans retard : ils n’ont pas encore le don d’ubiquité. L’atelier a fait une demande afin de porter son effectif à 3 personnes : cela n’a pas eu d’écho auprès de DG-B2. La déflation programmée de la flotte des F406 ne permettra pas une réduction suffisante de la charge de travail de nos collègues malgré une idée faussement répandue (corrosion accrue des KA due à leur utilisation « anormale », chantiers hélicoptères récurrents, etc.). Cette situation usante psychologiquement, physiquement et socialement comporte des risques pour les agents qu’il vous appartiendra d’assumer.
  • d. La présence à Mérignac d’un personnel OGMN représenterait une avancée dans la résolution des problèmes quotidiens auxquels doit faire face la BCMA. Une demande a été faite en ce sens. Nous espérons qu’elle sera bien accueillie à votre niveau. Ces petits ajustements concourent à l’amélioration globale du fonctionnement de la maintenance aérienne douanière.

Voici exposés les sujets qui tenaient à cœur des agents de la BCMA de Mérignac, tels qu’ils auraient voulu que vous les compreniez… Malheureusement, nous n’avons pas ressenti, chez vous, un réel désir de dialogue, mais plutôt, une volonté d’expédier cette corvée en produisant une communication pour la statistique. Vous avez fait des constats de la situation sur lesquels nous nous sommes retrouvés, sans apporter de réponse : tout est à l’étude... et rien ne dépend de vous.

Nous espérons que ce n’est qu’une posture de votre part et que vous avez quand même le pouvoir d’améliorer les choses. Vous avez les cartes en main. Nous vous faisons remonter les problèmes et vous prendrez des décisions dont il vous appartiendra d’assumer la portée et les conséquences. Il ne s’agirait pas que les agents de terrain assument les erreurs passées et à venir de la direction.

Nous espérons, Monsieur le chef du bureau B2, que vous saurez rassurer les PNNT de la BCMA de Mérignac en apportant une réponse à cette lettre. Nous souhaiterions également une audience bilatérale sur ce sujet avec les organisations syndicales signataires de ce courrier.

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